Vous avez décidé de vous monter le PC de vos rêves en watercooling custom ?

Excellent choix !

Je vais essayer de vous donner ici quelques conseils et retours d’expérience qui, je l’espère, vous aideront et vous feront gagner du temps (voire de l’argent).

En préambule, sachez que monter un PC en watercooling custom n’a pas grand-chose à voir avec le montage d’un PC « classique » ou disons que le watercooling est en plus.

Il vous faudra déjà savoir monté un PC classique (assemblage des pièces, raccordement, câblage, installation système d’exploitation) puis vient la partie watercooling, qui nous intéresse particulièrement ici.

Vous avez deux options : tubes souples ou tubes rigides. La différence est essentiellement esthétique mais l’impact n’est pas du tout le même sur le montage.

Si vous recherchez la facilité sans perte de performance, les tubes souples sont la solution.

Si vous voulez une belle boucle avec des tubes bien parallèles, aux courbes nettes et harmonieuses, il faut aller vers les tubes durs.

Il y a également une petite prime de durabilité aux tubes durs. Sous l’effet de la chaleur, certains tubes souples peuvent avoir tendance à se déformer avec le temps. C’est la raison pour laquelle nous ne proposons que du 16/10mm pour les tubes souples, ils sont suffisamment épais pour éviter le risque de déformation.

Choix du boîtier

Le boîtier est la base de tout puisque c’est lui qui va fixer les contraintes d’installation. Il y a le format de la carte mère bien sûr, mais aussi et surtout, sa capacité à accueillir les autres composants et notamment les radiateurs du PC. Etudiez bien les spécifications du boîtier pour voir quelles sont ses capacités.

Généralement, les fabricants de boîtiers fournissent des informations sur les possibilités d’installation de radiateurs (longueur et épaisseur max en fonction de l’emplacement). S’ils ne donnent pas ce type d’informations, le plus probable est que le boîtier ne soit pas adapté à ce type d’usage. A l’inverse, le fait que vous en ayez n’est pas forcément la marque que le boîtier est particulièrement adapté à du watercooling custom, ils sont souvent fournis pour donner des informations pour l’installation d’AIO.

Attention : lorsqu’il est indiqué qu’un boîtier peut accueillir par exemple un radiateur de 360mm en façade, un côté carte mère et un sous le couvercle ne signifie pas forcément que vous pouvez installer les 3 en même temps. Par exemple, l’installation en façade peut empêcher l’installation côté carte mère en raison d’un dégagement insuffisant, et inversement l’installation côté carte mère peut bloquer l’installation en façade...

Etudiez donc bien les spécifications du boîtier avant de planifier votre boucle.

Puissance de dissipation

Pour calculer la puissance de dissipation de chaleur dont vous avez besoin, ajoutez la puissance maximum de votre carte graphique à celle de votre processeur. Ce sera votre base de calcul. Cela laisse une petite marge car dans un usage normal les 2 seront rarement sollicités au maximum en même temps. Je vous conseille néanmoins de prendre bien plus de marge, au moins 50%. Surdimensionner les capacités de refroidissement de votre boucle pour permettra de dissiper la chaleur en faisant tourner les ventilateurs moins vite, ce qui vous permettra d’avoir un système plus silencieux.

Vous avez donc un nombre de Watts à dissiper (= Puissance max GPU+ Puissance max CPU + marge) et pour convertir cela en terme de nombre/taille de radiateurs, vous pouvez considérer que chaque section de 120mm d’un radiateur d’épaisseur standard (30mm) permet de dissiper environ 120W, donc un radiateur de 360mm et de 3 cm d’épaisseur permet de dissiper 360W.

Pour les autres tailles et épaisseurs, faites au prorata : si vous passez d'un radiateur de 120mm à du 140, prenez la base du 120mm et ajoutez 1/6ème. De même, si vous passez d’un radiateur de 30mm d’épaisseur à un de 40mm, ajoutez 1/3…

Choix des ventilateurs

Vous savez désormais quels types de radiateurs vous allez installer, en fonction des capacités du boîtier et de la puissance de dissipation nécessaire pour vos composants. Il faut maintenant leur associer des ventilateurs, le liquide étant refroidi en passant dans les radiateurs grâce aux ventilateurs installés sur ces derniers.
Choisissez des ventilateurs adaptés aux radiateurs c’est-à-dire avec une haute pression statique.
Un ventilateur peut être efficace comme ventilateur de boîtier et ne pas l’être fixé à un radiateur. De plus en plus, les tests réalisés sur les radiateurs mesurent les résultats des ventilateurs dans ces 2 types d’utilisation. Par ailleurs, les constructeurs précisent généralement la pression statique de leurs ventilateurs. Si vous ne trouvez pas l’information, il y a fort à parier que le ventilateur n’est pas adapté à un usage sur radiateur, faute d'une pression statique suffisante.

C’est un élément plus important qu'on ne le pense parfois de la qualité finale de votre boucle de refroidissement. Ne lésinez pas sur la qualité des ventilateurs, cela peut représenter un gros budget ; un ventilateur haut de gamme tournant autour de 30-40€ pièce, cela peut vite chiffrer. Mais si vous devez faire un arbitrage entre 2 radiateurs avec des ventilateurs haut de gamme ou 3 radiateurs avec des ventilateurs médiocres, choisissez plutôt la 1ère option, d’autant que vous pourrez par la suite faire évoluer le système par l'ajout du 3ème radiateur lorsque votre budget vous le permettra.

Installation des radiateurs / Sens des ventilateurs

Ce sont les radiateurs qui vont se charger de refroidir le liquide mais il ne faut pas non plus négliger de ventiler le boîtier. Bien sûr, un radiateur installé avec des ventilateurs en aspiration, c’est-à-dire qui vont apporter l’air frais de l’extérieur du boîtier, sera plus efficace qu’un radiateur avec ventilateurs en extraction, qui récupéreront donc l’air chaud du boîtier.

Pour autant, il ne faut pas que l’air chaud stagne dans le boîtier ; même sur un système en watercooling, il faut que le boîtier soit bien ventilé.

Ainsi, si vous installez 2 radiateurs et pas de ventilateurs dédiés au boîtier, installez le premier en aspiration et le second en extraction. Avec 3 radiateurs, vous pouvez par exemple en mettre 2 en aspiration et un en extraction, idéalement avec un ventilateur supplémentaire en extraction. Le principe est de chercher au maximum un équilibre entre l’air qui entre dans le boîtier et l’air qui en est expulsé.

Veillez à bien nettoyer les radiateurs avant installation. Du fait de la fabrication, on trouve des résidus en quantité plus ou moins importante dans tous les radiateurs en sortie d'usine, résidus qu'il faut donc retirer.
La technique la plus simple est de remplir le radiateur à 2/3 avec de l'eau distillée, boucher les ports, secouer et vider le contenu dans une passoire recouverte d'une feuille de sopalin afin de voir les résidus extraits. Répétez l'opération jusqu'à ce qu'il n'y plus aucun résidu (faites au moins 3 ou 4 passages supplémentaires sans résidu pour vous assurer que le radiateur est parfaitement propre). Vous pouvez également utiliser les liquides de nettoyage/rinçage EK Cryofuel qui faciliteront le décollage des résidus mais on s'en sort très bien avec de l'eau distillée en prenant son temps.

C'est une étape un peu rébarbative mais très importante. S'il reste des résidus au moment de l'installation, vous allez les retrouver dans votre boucle. Ils peuvent venir se coincer dans les ailettes des blocs de refroidissement et nuire aux performances. Faites-le donc très soigneusement.

Une fois l'opération terminée, vous pouvez fixer les ventilateurs sur les radiateurs en faisant attention au sens d'installation pour qu'ils se positionnent soit en aspiration soit en extraction, en fonction de ce que vous avez prévu.

Différentes étapes du montage d'un PC en watercooling

Préparation des composants

Commencez par monter séparément les différents éléments du PC à commencer par l'installation sur la carte mère de la RAM, des SSD M2 et bien sûr du processeur. Je vous conseille vivement de remplacer le bracket d’origine par des plaques de contact appelées « Secure Frame » (voir ici pour les processeurs AMD et processeurs Intel), elles peuvent vous faire gagner quelques précieux degrés pour un montant dérisoire.

Installez ensuite le bloc CPU sur le processeur après avoir appliqué la pâte thermique et montez par ailleurs le bloc GPU sur la carte graphique après avoir retiré le refroidissement d’origine.
Suivez scrupuleusement les notices des fabricants de waterblock car il s'agit d'une étape cruciale.

En cas d'erreur de montage, vous ne le saurez qu'après installation et il faudra vider le circuit et démonter le tronçon entier de la boucle pour refaire le travail. Croyez-moi, vous n'avez pas envie de ça !
Pour le processeur, le risque est une erreur d'application de la pâte thermique ou un mauvais contact avec le bloc de refroidissement. Vous trouverez tout un tas de tutoriels sur Youtube pour réaliser cette étape sans problème.
Pour la carte graphique, en plus de la pâte thermique sur le processeur GPU, il faudra appliquer des pads thermiques sur différents composants du PCB. Pas de panique, ce n'est pas compliqué, les fabricants fournissent des pads de la bonne épaisseur et un schéma d'installation. Mais ne vous trompez pas car, dans le cas contraire, les températures vont monter en flèche et il faudra tout réinstaller.

Pour l'anecdote, preuve que l'erreur est humaine, de nombreux utilisateurs ayant démonté des cartes du marché ont retrouvé des pads mal positionnés ou même des films de protection de ces pads qui n'avaient pas été retirés...
Au moins là, vous pourrez compter sur vous-même !
Donc, vérifiez bien que tout est est bien placé, que tous les films ont été retirés avant de fixer le bloc et la plaque arrière. Une fois tout assemblé, vérifiez en regardant par la tranche que le contact se fait bien entre les pads et le bloc de refroidissement.

Installation des composants

Maintenant que tout a été préparé, installez la carte mère et les radiateurs dans le boîtier et vérifiez que votre plan d’installation tient la route, qu’un radiateur ou ventilateur ne va pas obstruer les ports d'un autre par exemple, que vous avez un dégagement suffisant au-dessus de la carte mère, etc…

Installez ensuite tous les autres composants (réservoir, pompe) à l'exception de la carte graphique (on l'installera en dernier pour faciliter les accès dans le boîtier) ainsi que l'alimentation.
Branchez d'abord tous les câbles dont vous aurez besoin sur l'alimentation puis fixez-la dans le boîtier. Branchez ensuite les câbles de l'alimentation à tous les composants à l'exception du câble d'alimentation de la carte mère (24pin) et des câbles pour la carte graphique (PCI-E ou 12VHPWR pour les RTX 4000) puis faites le câblage de la carte mère. Là aussi, il vaut mieux le faire avant de réaliser la boucle car certains ports de la carte mère peuvent être plus difficilement accessibles après.
Connectez tous les ventilateurs et composants RGB, soit directement sur la carte mère soit par l'intermédiaire de hubs et connectez les câbles du boîtier à la carte mère (USB, HD audio, Power, Reset... se référer aux notices de la carte mère et du boîtier).

Watercooling

Tout est installé et câblé dans le boîtier en dehors de la carte graphique, il reste à construire la boucle. Il y a donc deux options : tubes souples ou tubes rigides, un choix essentiellement esthétique.

Tubes souples

C'est évidemment la solution la plus facile et vous n'avez pas besoin d'accessoires spécifiques. On peut mesurer les sections de tubes avec une ficelle pour simuler le passage des tubes (prendre de la marge, notamment en cas de courbure des tubes) et on peut faire la découpe avec des outils du quotidien, l'essentiel étant que les coupes soit bien droites. Placez les adaptateurs et embouts sur les composants, prenez vos mesures, découpez les sections de tubes puis fixez-les et le tour est joué.

Tubes rigides

La section va être un peu plus longue, c'est beaucoup plus de travail mais ça en vaut la peine (question de point de vue).
Il va d'abord vous falloir un certain nombre d'accessoires pour courber les tubes. A minima, un décapeur thermique pour chauffer les tubes, une mèche pour qu'ils ne se déforment pas lorsque vous les pliez, une scie ou un outil de découpe des tubes, un ébavureur et une lime pour travailler les extrémités. Nous proposons des kits complets d'outils pour watercooling. Il y a tout ce qu'il faut pour travailler les tubes mais pour la découpe je vous conseille d'utiliser au moins une boite à onglet pour avoir une coupe bien droite.
Il vous faudra également un outil de mesure, je vous recommande vivement celui d'Alphacool (Alphacool measuring kit), c'est un outil très polyvalent, quasiment indispensable surtout si vous voulez réaliser plusieurs coudes sur un même tube. Tout se fait au millimètre et, dans le cas d'angles multiples sur un même tube, on ne pourra pas ajuster avec la découpe.

Préparation des tubes
Placez d'abord tous les adaptateurs et embouts sur les composants, sans les bagues de compression. Prenez les mesures (par exemple depuis les parois extérieures des embouts) et ajoutez 5-6 mm sur les extrémités (pour la partie qui rentrera à l'intérieur de l'embout).
Il vous reste à façonner les tubes selon vos mesures.
Trempez une mèche du diamètre correspondant à celui de vos tubes (14 ou 16mm) dans de l'eau savonneuse puis glissez-la dans le tube. A l'aide du décapeur thermique, chauffez le tube pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'il se ramollisse. Gardez le tube à une dizaine de cm du bec et tournez-le entre vos doigts pour ne pas concentrer la chaleur. Une fois le tube malléable, faites votre angle rapidement et tenez-le en position le temps qu'il refroidisse.
Pour vous aider à faire vos angles, vous avez ce type d'outil pour réaliser des angles de 45, 90 ou 180°, en encore celui-ci pour réaliser tout type d'angle et formes complexes.

Découpe des tubes
Veillez à faire des coupes bien droites et à laisser au minimum 1,5 cm entre l'extrémité et la première courbe, il faudra au moins ça pour insérer le tube dans son embout en gardant suffisamment d'espace pour passer la bague de compression. Gardez en tête qu'il vaut mieux couper trop long quitte à s'y reprendre à plusieurs fois. Couper trop court signifie refaire le tube entièrement.
Utilisez la lime et l'ébavureur pour travailler les extrémités du tube afin d'obtenir un surface biseautée et sans aspérité, pour ne pas endommager les joints toriques des embouts.

Prévoyez de la marge sur le nombre de tubes car il y aura vraisemblablement de la chute. Un tube trop chauffé, ou pas assez, qui ne se courbe pas bien, une problème de mesure, une coupe trop courte... Une erreur est vite arrivée. Si vous parvenez à faire une boucle complète sans perdre un tube, vous êtes un(e) champion(ne).

Installation des tubes et vérification de l'étanchéité de la boucle
Il ne reste qu'à placer les tubes sur les embouts et visser les bagues de compression. Constituez ainsi toute la boucle en dehors de la carte graphique.
Je vous conseille de tester l'étanchéité avec un testeur de fuite tronçon par tronçon. Cela permettra d'identifier plus facilement une éventuelle fuite due à un tube ou un embout mal fixé. Si vous le faites uniquement à la fin, vous pourriez avoir du mal à localiser la fuite.
Finissez en installant la carte graphique et en ajoutant les deux dernier tubes, faites un dernier test d'étanchéité et vous pouvez remplir la boucle.
Pour cette dernière étape, vous pouvez consulter cet article dédié au remplissage et à l'entretien de la boucle.

Nous arrivons au terme de cet article, en espérant avoir apporté quelques informations utiles et surtout n'avoir découragé personne. Il n'y a rien de très compliqué mais ça demande du temps pour la préparation et la construction. Si vous avez une certaine appétence pour le "bricolage" et du temps à consacrer à votre projet de PC, lancez-vous. Il y a une vraie satisfaction lorsque l'on arrive au bout. N'hésitez pas à me poser toutes vos questions.

Si vous le préférez, vous pouvez nous confier votre projet : consultez notre page Votre PC Cooled Case sur mesure pour plus de détails.